Le Beau et le Bizarre

Le « beau » et le « bizarre »
J’aimerai aborder la notion de « peinture décorative ». Sans considérer une réflexion sur la fonction que la peinture peut avoir, est souvent qualifié de ce sobriquet, actuellement à connotation négative, les peintures qui peuvent s’harmoniser dans un intérieur, et donc à la fois dépendante du goût à la mode mais aussi peut-être qui parlent à ce que l’on a éliminé de notre langage contemporain : « l’âme ».
Le terme « décoratif » prend donc une signification contemporaine plus large et à mon sens dangereuse pour qualifier toute peinture dite « belle », procurant un sentiment positif, de contemplation ou « harmonieuse », soit agréable pour le cerveau qui observe la création.
A l’opposé, on aimerait faire l’apogée du « bizarre » comme référence de la sincérité de l’artiste et de sa singularité.
Pourtant, toute recherche formelle et donc non spontanée du « bizarre » est une hérésie. Le « bizarre » est un phénomène émergent de notre perception individuelle de la réalité. Vouloir s’éloigner du « beau » convenu et y être en rapport contradictoire c’est par essence entrer dans un « bizarre » convenu. En effet, le « beau » convenu est établi par le goût majoritaire, tout comme le « bizarre » majoritaire. Or le « bizarre » majoritaire est un non-sens si l’on revient sur la définition de « bizarre » qui serait à la marge. Cette démarche est donc plus un présupposé pour se distancier d’un art dit « facile » qui suivrait la méthode du « beau » en utilisant pourtant les mêmes recettes et en suivant la méthode du « bizarre ». Il s’agit d’une étiquette que l’on se donne, un dérivé marketing de l’art. Cette méthode qui consiste à confronter « bizarre » au « beau » est de plus à remettre en perspective puisque le beau peut être bizarre. Citons le poète Baudelaire qui affirmait à brule pourpoint que « Le beau est toujours bizarre ».
